Dimanche 31 août 2008 à 13:50


J
e ne sais pas si tu te souviens, quand la balançoire volait trop haut les jours d'été, et que le jardin sentait l'herbe fraichement coupée. Je crois que tu as oublié, mais moi je les entends encore, nos rires, quand on basculait nos têtes en arrière jusqu'à avoir mal au cœur. J'envoyais toujours mes pieds haut, très haut. J'enlevais mes souliers vernis, et je tendais les orteils jusqu'au ciel. Et toi tu riais, et tu me disais déjà "lance toi, vas-y, vole". Alors je lâchais prise, dans une confiance infinie, je lâchais prise et m'accrochais à la douceur de ma naïveté. Mes doigts glissaient de la corde verte et rose, et je retombais sur les fesses, sur les genoux et tu t'arrêtais de rire, le regard grave. Tu ne savais pas très bien si je riais ou si je pleurais, si je t'en voulais ou pas et tu épiais le moindre de mes gestes. Tu ne te souviens sans doute pas, mais je me relevais toujours, sautais sur ton dos, roulais dans l'herbe et retournais sur la balançoire. J'avais ce sourire, celui que tu n'avais plus. Je te l'avais volé, j'étais fière, j'avais mon moment de gloire. Tu étais plus vieux que moi, et tu avais cet air soucieux, celui des grandes personnes. Tu me grondais un peu, pour ma bêtise, mon insouciance et je te rendais ton sourire, je reprenais ta peine. J'avais l'air tellement petite à côté de toi. Trop peut-être, oui c'est ça. Trop. L'excès partout, l'excès de rage, le trop peu d'amour. Parfois tu arrachais une fleur ou deux, me l'accrochais dans les cheveux, un baiser sur le nez et tu partais après m'avoir promis qu'un jour, je m'envolerai pour de bon. Tu n'es plus jamais revenu. La balançoire ne vole plus, elle grince parfois comme pour rappeler qu'il y a eu une vie, avant. Il n'y a plus nos rires pour l'entourer, il n'y a plus mes souliers vernis déposés dans l'herbe, il n'y a plus rien, même plus toi. J'ai passé des années à t'attendre, des années à essayer de comprendre et un jour on a jeté les souliers, on a planté d'autres types de fleurs, des plus belles, avec des odeurs encore plus envoutantes, et tu vois, cette fois, je suis celle qui oublie, celle qui ne se souvient plus, ou presque.
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Vendredi 1er août 2008 à 20:36

Tomorrow is here.



De retour. Et la désagréable sensation de ne plus savoir aligner les mots.
Alors je dépose ici deux trois moments de l'arracheuse de Lilas, histoire de.


"Il fallait voir comme elle souriait, avec quelle force elle déposait des bisous qui claquent sur chaque joue, sur chaque front, au coin de chaque bouche. Elle rayonnait, elle était cette fille lumineuse au regard éteint. Une contradiction, une éternelle contradiction entre ce qu'elle paraissait, ce qu'elle devait être et ce qu'elle était. Elle avait des amis, des amours, des emmerdes. Elle aimait avec profondeur, avec prudence et avec effroi. « Fuis les », comme une rengaine perpétuelle. Fuis les avant la déception, fuis les avant la dépendance, fuis avant de tomber. Fuis, cours et envole toi si tu veux. Déploies tes ailes une bonne fois pour toute. Elle avait déjà laissé trop de plumes. Trop de larmes. Au décompte des erreurs, des bouts de vie manquée et des regrets, elle était première. Première de classe comme toujours. Sous les jalousies, sous les railleries, à traîner les pieds à la récréation. Et maintenant c'est la vie qu'elle traîne derrière elle, comme un joli boulet couleur lilas."
 
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Samedi 12 juillet 2008 à 19:46

Blue skies could turn to grey.

Je suis une fille comme toutes les autres, en un peu moins bien. En 5 consonnes et 4 voyelles vous en avez fait le tour,  de ma petite personne, de mes grands espoirs et de cette vie ratée. 9 lettres pour 18 pages de vie, 9 lettres qui engendrent  un grand n'importe quoi. De l'étonnement, de la compassion, du mépris ou une indifférence blessante, trois syllabes  qui provoquent, agacent, amusent, dérangent. Ce fut d'abord une vie bien rangée, prise entre des bulletins irréprochables et un comportement exemplaire. Ou presque. Loin des bêtises de petites filles, loin des robes de princesses qui tournent et volent. Un prénom pour se rappeler, que les enfants sont cruels, qu'ils jalousent sans savoir et blessent plus qu'ils
ne devraient. 18 pages de vies, 18 pages de calculs, d'analyses pour ne rien laisser au hasard. Tout observer pour laisser derrière soi les coïncidences, lever ce voile devant les yeux et enfin comprendre qu'il est difficile d'être aimé quand on ne s'aime pas déjà, un peu. Je suis une fille qui existe à travers les autres, que l'on surnomme inconsciemment la copine d'Anaïs, ou la fille assise à côté de. C'est un prénom en trois syllabes, que l'on écorche, que l'on oublie ou que l'on n'entend pas. C'est un prénom plein de rancœur, plein de non-dits et de souffrance. 9 lettres qui prennent toutes leur force lorsque ses lèvres les caressent, 9 lettres pour bientôt 9 mois d'amour, cela ne s'invente pas. Stéphanie, qu'il aime prononcer juste pour voir ma bouche se tordre et mes sourcils se froncer. Stéphanie, qu'il aime faire danser au rythme de la musique de son cœur. Les moqueries de cours de récréations ne s'en vont pas non. Les rires se font toujours aussi amers, les souvenirs toujours aussi abrupts. Mais les railleries m'importent peu, tant qu'il reste là pour me relever.
 
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Samedi 5 juillet 2008 à 17:04

 
Cause I've made up my mind.


P
our un garçon, pour une fille, pour deux trois sourires qu'on s'arrache. Je gribouille, je chiffonne mes histoires à l'eau de rose, j'emporte mes tempêtes et mes orages, je fais de ma vie un tourbillon, j'emporte tout, je ne laisse rien. Je prends ce que l'on me promet, ce que l'on ne me donne pas, je prends. Je me construis, dans un souvenir, dans un regard, je grandis, puisqu'il faut bien. J'aime ma solitude et j'aime ce mystère, j'aime cette liberté et cet océan d'indépendance, j'aime tout ce qu'il n'aime pas. L'amour, on y croit, ou pas, on s'y plait, je ne m'y habitue pas. J'ai du mal avec tous ces nouveaux mots, cette vague de bonheur qui vient s'échouer en plein cœur, qui bouleverse mes habitudes, qui vient se frotter à mes envies d'échappées belles. J'ai besoin de distance, de cet espace qu'il remplit si bien. J'ai besoin de ce vide que je fuis tant. Capricieuse plus que de raison, je me tords le cœur à courir après ce que je redoute. Râleuse, je laisse mes plaintes me bercer, ses reproches me provoquer. Je l'aime, maladroitement. Il s'en va, simplement.
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Dimanche 29 juin 2008 à 14:02


C
'est comme un goût amer, un goût d'inachevé, de vie manquée. Tous ces non-dits, ces fausses joies, ces faux sourires, ces véritables blessures qu'on ne sait plus comment guérir. Il n'y a pas de beaux discours, il n'y a pas de mots plus forts que les autres, je m'enveloppe encore de ce lourd silence. Je ne parle pas, j'observe, calcule, intériorise à n'en plus finir. Je ne vis pas, je m'épuise à donner un sens à ce qui m'entoure, ce qui m'habite, je ne vis pas non je m'anime sous mes désirs, m'épuise sous mes échecs. Mon vague à l'âme, mes bleus au coeur l'emportent sur mon sourire. Je ne suis pas malheureuse, juste un peu perdue, oubliée délaissée. Mes yeux brillent, mes joues rougissent, je compose mon silence de points de suspensions. Entre Sangria et cigarettes, entre ivresse et brouillard, je dessine des formes au hasard. J'aimerai me recroqueviller à l'infini, ne plus rien sentir, minuscule poussière qu'on balaie sans remords.
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