J'attends. C'est futile, au fond. J'attends, là, toute seule. J'espère un regard, une attention, un geste, un effleurement, un mépris, une arrogante indifférence. N'importe quoi. J'attends qu'il me prouve que j'existe. J'ai parcouru tous nos souvenirs et déjà tout sonnait faux. Son nom est gribouillé sur toutes les pages de l'album photo. Les voyelles qui s'entremêlent fredonnent encore et j'ai mal. Je souris quand il sourit, je pleure quand il s'énerve, je pleure quand il crie, je pleure quand il s'en va. Il joue de moi et j'accepte. J'ai craché la fumée de ma dernière cigarette, et j'ai craché ma faiblesse. J'ai retenu le reste, j'ai ravalé chaque larme parce que. Il n'y a plus rien qui fredonne, plus rien qui bourdonne, rien à part son impertinence. J'ai mal peut-être, je crois, je ne sais pas, ai-je déjà su ? J'attends. Qu'on me bouscule, qu'on me renverse, qu'on me trouble, qu'on me surprenne. Je sens encore sa main, je sens encore son cœur, je vois la neige qui tombe sur les boulevards et nous au milieu. Tu me manques. C'est fini.
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