Les caractères ont changé, les routes ont dévié et pourtant, il y a cette impression de continuité qui flotte dans l'air. Un je ne sais quoi de rassurant, une chaleur enveloppante, comme les matins d'hiver où l'on joue avec la couette, loin des vitres embuées. La vie s'est écoulée trop rapidement, j'en redemande encore, de ce temps qui s'enfuit. Je suis avide de sensations, avide de sentiments, je goute à la vie, la vraie. Alors que les gens courent, s'engouffrent dans le métro à une vitesse déconcertante, alors qu'ils se pressent et me donnent le tournis, je prends mon temps. Le temps de savourer chaque instant, chaque minute, histoire de ne rater aucun bonheur que la vie m'offre. Le sac jeté sur l'épaule, la longue écharpe noire qui joue avec le vent, les talons qui claquent un peu trop fort, vous voyez, rien n'a changé. Je me pose encore sur les mêmes bancs, les mêmes musiques en tête, les mêmes rêves qui défilent devant les yeux. Parfois je détourne le regard et il est là, essoufflé par une longue course, de peur d'être en retard. Parfois je lève les yeux et elles sont là, avec leurs rires et leurs histoires, avec leurs craintes et le cœur lourd, et je les retrouve comme si elles ne m'avaient jamais quittée. A la terrasse d'un café, au détour d'une gare, un café crème dans les mains et des sourires aux inconnus, j'observe le va et vient des gens, ma vie qui coule entre leurs mains. J'attends qu'on me bouscule, qu'on m'entraine dans cet énorme tourbillon.
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