Il y a un embouteillage de mots, au fond de ma gorge, au bout de mes doigts. Des mots par dizaine, par centaine, des cris qui se perdent, des murmures qui s'intensifient, ils sont des centaines aux coins de mes yeux. J'ai peur de ce mot, rien. Peur de ce vide, que même la présence la plus forte ne parvient plus à combler. Je termine une lettre, la glisse dans une enveloppe, le stylo a dérapé, les mots se sont brouillés. C'est terminé. J'y ai ajouté quelques notes d'espoir, quelques sourires à la craie. Un mélange de tendresse et de colère, la nostalgie comme unique rengaine. J'ai promis, je ne vivrai plus dans le passé. Mais je n'y crois plus à mes promesses, ces simples mots que le vent balaient. Je ne suis pas faible, je ne suis pas forte, je ne sais pas ce que je suis. Je me suis perdue en route, je me retrouverai si vous m'en laissez le temps. On me brusque, on me pousse. Vous me voyez dépassée et passive. Mais c'est un véritable tourbillon de sentiments qui m'habite, je suis encore entière, tout n'est pas perdu. Mes phrases ne se suivent plus, mes idées s'entassent là, une par une, dans un désordre incroyable mais je vois encore une chance de me relever. Les regrets, les remords, je les manipule et joue avec, mais le mensonge est terminé. Je suis entière, mise à nue. Je conjugue au présent.
©